Quel scénario réchauffement climatique ?

Le procès du siècle, délibérations citoyennesdossier

Augmentation des déluges au mieux, canicules extrêmes et régulières au pire… Tour d’horizon des scénarios catastrophes.

La déclaration finale de la COP26 martèle un objectif chiffré : il faut «limiter le réchauffement à 1,5 °C» par rapport à la période préindustrielle. Les Etats reconnaissent aujourd’hui que «les impacts du changement climatique seront bien moindres avec un réchauffement de 1,5 °C, comparé à 2 °C». Mais de quels impacts parle-t-on exactement ?

+1,5 °C : un objectif quasi inatteignable et des conséquences garanties

Le scénario le moins pessimiste, avec une hausse des températures limitée durablement à 1,5 °C, se produira si les Etats parviennent à limiter drastiquement les émissions mondiales de gaz à effet de serre. Les chances d’y arriver sont quasiment nulles, et les conséquences qui suivent sont quasiment garanties. «Le seuil de +1,5°C sera franchi à court terme, avant 2040», pointe le climatologue Christophe Cassou, co-auteur du rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), dont le premier volet a été dévoilé cet été.

Dans ce scénario, les épisodes de canicule avec des températures extrêmes tels qu’il en arrivait tous les dix ans pendant la période préindustrielle se produiront quatre fois par décennie. Ils seront un peu plus intenses (+1,9 °C de chaleur en moyenne). Les déluges de précipitations vont gagner en fréquence et en intensité, ainsi que les sécheresses.

Les glaciers et la banquise vont continuer de fondre. «Le relâchement de carbone suite au dégel du permafrost [le sous-sol gelé, ndlr] est irréversible à une échelle centenaire», juge le rapport du Giec. Conséquence de la fonte des glaces, le niveau des mers va monter tout au long du XXIe siècle, et ne gagnera «que» 28 à 55 centimètres d’ici 2100 dans le meilleur scénario. En 2150, même en suivant cette évolution (trop) optimiste, les mers auront pris entre 37 et 86 centimètres. Dans les deux mille prochaines années, les océans auront gagné 2 à 3 mètres de haut.

L’acidification des océans, qui pompent une partie de l’excès de CO2 de l’atmosphère, va s’amplifier et aggraver le blanchissement des coraux. Dans un rapport spécial sur l’océan publié en 2019, le Giec a calculé que 70 % à 90 % des coraux pourraient disparaître.

+2 °C : un point de non-retour pour les calottes glaciaires

Si une politique climatique très sévère est mise en place au niveau mondial, la hausse des températures pourrait être limitée à 2 °C d’ici 2100. Scénario qui a de maigres chances de se produire.

Ainsi, certaines régions (l’Est du Brésil, l’Asie du Sud-Est, la Chine centrale) et presque toutes les zones côtières pourraient être frappées par trois ou quatre catastrophes simultanées entre sécheresses, cyclones, incendies, inondations ou maladies transportées par les moustiques… Les canicules extrêmes se produiront 5,6 fois par décennie et seront plus chaudes de 2,6 °C en moyenne. Un milliard de personnes seront touchées par le phénomène de stress thermique extrême. Déshydratation, difficultés de circulation sanguine et problèmes cardiovasculaires affecteront un septième de la population mondiale lors des périodes les plus chaudes. 68 millions de personnes sont déjà affectées par le stress thermique aujourd’hui. Avec 2 °C supplémentaires, leur nombre sera multiplié par quinze.

Jusqu’à 80 millions de personnes supplémentaires seront touchées par la malnutrition d’ici à 2050, et 400 millions de plus seront exposés aux pénuries d’eau dans les villes.

Dans le scénario à 2 °C, la fonte des calottes glaciaires du Groenland et de l’Antarctique de l’Ouest va arriver à un point de non-retour. Les mers monteront de 32 à 62 centimètres d’ici 2100, et auront pris entre 46 centimètres et 1 mètre en 2150. L’acidification des océans va aggraver le blanchissement des coraux, au point d’en faire disparaître 99 % des espèces. Les animaux de l’Arctique, qui se réchauffe trois fois plus vite que la moyenne, ne vont pas non plus faire long feu.

+4 °C : l’extrapolation du chemin emprunté depuis 1992

Le scénario où les températures montent de 4 °C d’ici 2100 a de grandes chances de se produire : c’est une extrapolation du chemin emprunté depuis 1992 avec l’augmentation mesurée des gaz à effet de serre.

A +4.5 °C environ, les forêts et les océans n’arrivent plus à jouer leur rôle d’aspirateurs à carbone et seulement 38 % des émissions mondiales seraient absorbées. Les canicules extrêmes qui se produisaient une fois par décennie arriveront une fois par an, et seront plus chaudes encore de 5 °C. Les épisodes de précipitations intenses arriveront près de trois ans sur dix, et les sécheresses quatre ans sur dix. D’ici la fin du siècle, les canicules marines pourraient se répéter tous les ans sur les côtes européennes de la Méditerranée. La fonte des glaces entraînerait une hausse du niveau des mers jusqu’à 1,33 mètre d’ici 2150, et dans deux millénaires les océans auront gonflé de 20 mètres.

Quels sont les scénarios possibles du réchauffement climatique selon le GIEC ?

Il a été défini dans le cadre du rapport spécial du Giec sur les conséquences d'un réchauffement global de 1,5 °C, paru en 2018, et du processus d'élaboration du sixième rapport d'évaluation (AR6) prévu pour 2021 et 2022.

Quel est le scénario le plus optimiste du GIEC ?

SSP1-1.9 : scénario très ambitieux pour se conformer à l'objectif 1,5°C de l'Accord de Paris. C'est le scénario le plus optimiste. Les émissions mondiales de CO2 tombent à zéro vers 2050.

Quel est le scénario le plus pessimiste du GIEC ?

Des conséquences extrêmes et irréversibles pour la planète Le Giec étudie cinq scénarios et le plus pessimiste prévoit un réchauffement compris entre 3,3 et 5,7°C. Cette hypothèse n'est pas à négliger car de nombreux États n'ont pas revu leurs engagements en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Quelle est la génération de scénarios climatiques la plus récente ?

La version Cmip5, la plus récente, a par exemple servi de base au rapport du Giec lors de la COP21 en décembre 2015 à Paris. La sixième phase, nommée Cmip6, est en cours de rédaction et devrait voir le jour entre 2021 et 2022. Mais les premiers résultats commencent à tomber, et ils sont assez inquiétants.