Comment les économies fluctuent entre phases d’expansion et de récession, frappées continuellement par des chocs positifs et négatifs. Show
Perdre son travail est une épreuve difficile qui engendre du stress. Après la crise financière mondiale de 2008, on a constaté simultanément une hausse du chômage et du nombre de recherches sur Google pour les médicaments anti-stress. En représentant graphiquement l’augmentation de ces recherches Google en fonction du taux de chômage de chaque État américain (Figure 13.1), nous observons que les États ayant connu la plus forte hausse du chômage entre 2007 et 2010 sont ceux où les recherches Internet sur des médicaments anti-stress ont le plus augmenté. Cela indique qu’un taux de chômage plus élevé est associé à un niveau de stress plus important. On dit que les deux éléments sont corrélés. Plein écran Figure 13.1 Évolution du chômage et du bien-être durant la crise financière : données sur les États américains (2007–2010). Algan, Yann, Elizabeth Beasley, Florian Guyot, and Fabrice Murtin. 2014. ‘Big Data Measures of Human Well-Being: Evidence from a Google Stress Index on US States.’ Sciences Po Working Paper. La droite croissante résume les données en trouvant la ligne qui s’ajuste le mieux au nuage de points. Elle est appelée droite de meilleur ajustement ou droite de régression linéaire. Quand une droite de meilleur ajustement est croissante, cela signifie que les plus hautes valeurs de la variable sur l’axe des abscisses (ici, la hausse du taux de chômage) sont associées aux plus hautes valeurs de la variable sur l’axe des ordonnées (ici, l’augmentation des recherches Google pour les médicaments anti-stress). De nombreux éléments montrent qu’être au chômage ou craindre de l’être est une source majeure de mal-être pour les gens. Le chômage est considéré comme l’un des événements les plus stressants dans une vie, au même titre qu’une maladie grave ou un divorce. Les économistes ont estimé que perdre son emploi a un effet négatif sur le bonheur bien plus important que celui engendré par la seule perte du salaire consécutive à l’absence d’activité. Les économistes Andrew Clark et Andrew Oswald ont mesuré l’effet des événements importants de la vie sur le niveau de bonheur déclaré par les personnes lorsqu’elles sont interrogées. En 2002, ils ont calculé qu’un Britannique aurait besoin en moyenne d’une compensation de 15 000 £ (22 500 $) par mois après avoir perdu son travail pour être aussi heureux que lorsqu’il était en activité. Ce montant est bien supérieur à la seule perte de salaire (qui était à l’époque de 2 000 £ par mois, en moyenne).1 La compensation requise pour rétablir le niveau de bien-être est un montant énorme, beaucoup plus important que la perte monétaire associée à une période de chômage. Cela tient au fait que le chômage réduit drastiquement l’estime de soi et conduit à une réduction bien plus grande du bonheur. Comme nous l’avons vu à l’Unité 1, le bien-être ne dépend pas seulement du revenu. Corrélation ne veut pas dire causalitécausalité inverseUne relation de causalité à deux sens, dans laquelle A affecte B et B affecte aussi A.droite de régression linéaireLa droite d’ajustement la plus proche de l’ensemble des données.Peut-on conclure à partir des données de la Figure 13.1 qu’un plus haut taux de chômage cause un plus haut niveau de stress ? Peut-être nous sommes-nous trompés de sens et les recherches sur Google sont en réalité à l’origine du chômage. Les économistes appellent cette relation causalité inverse. Ici nous pouvons l’écarter, car il est improbable que des recherches individuelles sur les effets secondaires des antidépresseurs puissent provoquer une hausse du chômage au niveau d’un État. Il y a cependant d’autres explications possibles pour la relation observée dans les données.
Une catastrophe naturelle, comme l’ouragan Katrina dans l’État américain de Louisiane en 2005 aurait pu provoquer à la fois une hausse du niveau de stress et du chômage. C’est un exemple où un troisième facteur – dans ce cas, les conditions météorologiques – peut être à l’origine de la corrélation positive entre les recherches Internet sur les antidépresseurs et le chômage. Cela nous incite à être prudents avant de conclure qu’une corrélation observée implique une relation causale entre des variables. corrélationUne relation statistique dans laquelle la connaissance de la valeur d’une variable informe sur la valeur probable d’une autre variable, par exemple si des valeurs élevées de l’une sont souvent observées en même temps que des valeurs élevées de l’autre variable. Elle peut être positive ou négative (elle est négative quand des valeurs élevées d’une variable sont observées en même temps que des valeurs faibles de l’autre). Cela ne veut pas dire qu’il y ait une relation de cause à effet entre les variables. Voir également : causalité, coefficient de corrélation.Pour établir une relation causale entre les variables, les économistes conçoivent des expériences (comme celles de l’Unité 4) ou exploitent des expériences naturelles (par exemple, la comparaison entre l’Allemagne de l’Est et de l’Ouest dans l’Unité 1, ou encore l’estimation de la taille des rentes d’emploi dans l’Unité 6). Dans l’Exercice 13.1, nous vous présentons un outil que vous pouvez utiliser pour réfléchir à la manière dont l’on peut comparer le bien-être global d’un pays donné à celui d’autres pays. Quelle est votre recette pour une meilleure qualité de vie dans votre pays ? Quelle importance accordez-vous au chômage ? D’autres facteurs sont-ils aussi ou plus importants, par exemple une éducation de qualité, un air sain, un niveau de confiance élevé entre les citoyens, un revenu élevé, ou encore un niveau modéré d’inégalités ? Dans cette unité, nous apprendrons pourquoi les économies connaissent des phases d’expansion durant lesquelles le chômage baisse, et des phases de récession durant lesquelles il croît. Nous nous concentrons ici sur le niveau total de dépenses (des ménages, des entreprises, de l’État et des agents en dehors de l’économie domestique) pour acquérir des biens et services produits par les travailleurs de l’économie domestique.
Histoire, instabilité et croissancePolitique et politiques publiques 13.1 Croissance et fluctuationsLes économies dans lesquelles la révolution capitaliste a eu lieu ont connu une croissance sur le long terme, illustrée par le graphique du PIB par tête en forme de crosse de hockey à l’Unité 1. échelle logarithmiqueUne manière de mesurer une quantité basée sur la fonction logarithmique, f(x) = log(x). La fonction logarithmique transforme un ratio en une différence : log (a/b) = loga – logb. C’est une manière très utile de traiter des taux de croissance. Par exemple, si le revenu national double de 50 à 100 dans un pays pauvre et de 1 000 à 2 000 dans un pays riche, la différence absolue dans le premier cas sera de 50 et dans le deuxième cas de 1 000, mais log(100) – log(50) = 0,693 et log(2000) – log(1000) = 0,693. Dans les deux cas, le ratio est 2 et log(2) = 0,693.Toutefois cette croissance n’a pas été régulière. La Figure 13.2 illustre le cas de l’économie britannique, pour laquelle de longues séries temporelles sont disponibles. Le premier graphique représente le PIB par personne de la population depuis 1875. Cela correspond à une partie du graphique de la crosse de hockey de l’Unité 1. Le graphique à côté reprend les mêmes données, mais présente le logarithme naturel (« log ») du PIB par tête. C’est une manière de représenter l’échelle de rapport que nous avons déjà utilisée dans l’Unité 1. Reportez-vous à la rubrique Einstein à la fin de cette section pour explorer la relation entre la représentation graphique du log d’une variable et l’utilisation d’une échelle de rapport sur l’axe des ordonnées.
Plein écran Figure 13.2 PIB par habitant au Royaume-Uni (1875–2014). Plein écran Taux de croissance annuel après 1921 Sur le graphique de droite, la pente de la droite (matérialisée par des pointillés noirs) représente le taux de croissance annuel moyen entre 1921 et 2014. Il était de 2,0 % par an. On voit que la croissance était régulière. Ryland Thomas and Nicholas Dimsdale. (2017). ‘A Millennium of UK Data’. Bank of England OBRA dataset. Plein écran Taux de croissance annuel entre 1875 et 1914 La droite tracée à travers la série des données en log allant de 1875 à 1914 est plus plate que celle qui démarre en 1921. Le taux de croissance annuel moyen au cours de cette période n’était que de 0,9 % par an. Ryland Thomas and Nicholas Dimsdale. (2017). ‘A Millennium of UK Data’. Bank of England OBRA dataset. En observant le graphique des niveaux de PIB par tête dans le bloc de gauche de la Figure 13.2, il est difficile de dire si l’économie a cru à un rythme régulier ou bien si ce rythme a accéléré ou décéléré au cours du temps. La transformation des données en prenant leur logarithme naturel, sur le graphique de droite, nous permet de répondre plus facilement à la question sur le rythme de croissance. Par exemple, après la Première Guerre mondiale, une ligne droite de 1921 à 2014 représente bien les données. Quand l’axe des ordonnées représente le log du PIB par tête, la pente de la droite (en pointillés noirs) s’interprète comme le taux de croissance annuel moyen de la série. On se rend compte au premier coup d’œil que la croissance a été régulière de 1921 à 2014 (mis à part un léger pic pendant la Seconde Guerre mondiale). On peut voir que la droite tracée sur la série en log de 1875 à 1914 est plus plate que la droite tracée à partir de 1921, ce qui indique que le taux de croissance était plus faible. Nous reviendrons sur la croissance à long terme dans les Unités 16 et 17. Dans cette unité, nous nous concentrons sur les fluctuations. Sur la Figure 13.2, elles correspondent aux déviations de la ligne noire en pointillés montrant le taux de croissance à long terme. produit intérieur brut (PIB)Une mesure de la valeur marchande de la production de biens et services finaux dans l’économie au cours d’une période donnée. La production de biens intermédiaires qui sont des intrants de la production finale est exclue pour éviter un double comptage.La série du haut de la Figure 13.3 représente le taux de croissance annuel du PIB du Royaume-Uni entre 1875 et 2014. Puisque nous nous focalisons sur la taille de l’économie et son évolution d’une année sur l’autre, nous examinons le PIB total, plutôt que le PIB par tête. Plein écran Figure 13.3 Croissance du PIB et taux de chômage au Royaume-Uni (1875–2014). Plein écran Croissance du PIB et chômage au Royaume-Uni Les graphiques montrent la croissance du PIB et le taux de chômage au cours de la période 1875–2014. Thomas, Ryland et Nicholas Dimsdale. (2017). ‘A Millennium of UK Data’. Bank of England OBRA dataset. Plein écran Pics et creux Les flèches mettent en évidence le pic et le creux d’un cycle économique durant la fin des années 1980 et le début des années 1990. Thomas, Ryland et Nicholas Dimsdale. (2017). ‘A Millennium of UK Data’. Bank of England OBRA dataset. Plein écran La crise financière mondiale Au 21e siècle, la crise financière de 2008 survint après une période au cours de laquelle les fluctuations furent limitées. Thomas, Ryland et Nicholas Dimsdale. (2017). ‘A Millennium of UK Data’. Bank of England OBRA dataset. Plein écran Ralentissements et chômage On constate que les phases de ralentissements du cycle économique sont associées à la hausse du chômage. Dans le cycle économique du début des années 1990, le chômage a continué de croître pendant un moment malgré la hausse du taux de croissance. Thomas, Ryland et Nicholas Dimsdale. (2017). ‘A Millennium of UK Data’. Bank of England OBRA dataset. récessionLe Bureau National pour la Recherche Économique des États-Unis (NBER) la définit comme une période de déclin de la production. Elle prend fin quand l’économie recommence à croître. Une autre définition est une période lors de laquelle le niveau de production est inférieur à son niveau normal, même si l’économie est en croissance. Elle se poursuit jusqu’à ce que la production augmente suffisamment pour atteindre à nouveau le volume normal. Le problème de cette définition alternative est que la « normalité » du niveau de production est un concept subjectif.Les pics et les creux des séries de la Figure 13.3 montrent de façon nette que la croissance économique n’est pas un processus lisse et régulier. On entend souvent parler d’économies connaissant tour à tour des phases d’expansion et de récession selon que la croissance oscille entre des valeurs négatives et positives. Pourtant il n’existe aucune définition unanimement reconnue de ces termes. Le Bureau national pour la recherche économique (NBER), une organisation américaine, propose cette définition : « Au cours d’une récession, un déclin significatif de l’activité économique se diffuse à toute l’économie et peut durer quelques mois à plus d’une année. » Une définition alternative consiste à dire que l’économie se trouve en récession lorsque le niveau de production passe sous son niveau normal. Nous avons donc deux définitions d’une récession :
Un problème pratique apparaît avec la seconde définition : la production normale d’une économie est une question de jugement, parfois sujette à controverses (nous reviendrons sur ce point dans de prochaines unités, où nous verrons que la « production normale » est souvent définie comme celle qui est compatible avec une inflation stable). cycle économiqueAlternance de périodes avec des taux de croissance rapides et lents (voire négatifs). L’économie va d’une expansion à une récession puis connait de nouveau une expansion. Voir également : équilibre à court terme.Le mouvement de va-et-vient entre expansion et récession est connu comme le cycle économique. Dans la Figure 13.3, vous pouvez remarquer qu’en plus de l’évolution annuelle du PIB, qui suggère deux récessions (mesurées par une croissance négative) par décennie environ, il existe des épisodes, moins fréquents, de fluctuations plus importantes de l’activité. Au 20e siècle, les creux les plus importants ont coïncidé avec la fin des Première et Seconde Guerres mondiales, et avec la crise économique de la Grande Dépression. Au 21e siècle, la crise financière mondiale a mis fin à une période caractérisée par de faibles fluctuations. La partie basse de la Figure 13.3 documente l’évolution du taux de chômage au cours du cycle économique. Le taux de chômage au Royaume-Uni a atteint son pic historiquement le plus élevé durant la Grande Dépression, mais est demeuré particulièrement faible au cours des deux guerres mondiales.
Question 13.1 Choisissez la ou les bonnes réponsesLe graphique suivant représente le logarithme naturel du PIB réel par tête du Royaume-Uni entre 1875 et 2014 : Plein écran À l’aide de cette information, laquelle des affirmations est correcte ?
Économie mondiale 13.2 Croissance de la production et variations du chômageNous avons vu avec la Figure 13.3 que le chômage baisse durant les phases d’expansion et augmente lors de récessions. loi d’OkunLa régularité empirique selon laquelle le taux de croissance du PIB est négativement corrélé avec les changements du taux de chômage. Voir également : coefficient d’Okun.La Figure 13.5 montre la relation entre les fluctuations de la production et du chômage, connue sous le nom de loi d’Okun. Arthur Okun, un conseiller du président américain Kennedy, remarqua que lorsque la croissance de la production d’un pays était élevée, le chômage tendait à diminuer. La loi d’Okun est une relation empirique forte et stable dans la plupart des économies depuis la Seconde Guerre mondiale.2 Plein écran Figure 13.5 La loi d’Okun pour quelques économies. coefficient d’OkunLa variation du taux de chômage en points de pourcentage que l’on prévoit être associée à une variation de 1 % du PIB. Par exemple, un coefficient d’Okun de -0,4 signifie qu’une baisse de la production de 1 % est associée à une hausse du taux de chômage de 0,4 point de pourcentage. Voir également : loi d’Okun.La Figure 13.5 représente l’évolution du taux de chômage (axe des ordonnées) en fonction du taux de croissance de la production (axe des abscisses) dans six pays : une moins forte croissance de la production est clairement associée à une plus forte hausse du chômage. Dans le graphique de chaque pays, la droite de régression la mieux ajustée aux données a une pente négative. Aux États-Unis par exemple, la pente de la droite implique qu’en moyenne, une réduction de 1 % du taux de croissance de la production augmente le taux de chômage d’environ 0,37 point de pourcentage. On dit que le coefficient d’Okun est -0,37 aux États-Unis. La rubrique Einstein à la fin de cette section montre comment obtenir ce coefficient. Le point labellisé 2009 sur chaque graphique de la Figure 13.5 montre les évolutions du PIB réel et du chômage entre 2008 et 2009, c’est-à-dire durant la récession qui a suivi la crise financière mondiale. On peut constater qu’en 2009, ces quatre économies avancées ont connu leur pire contraction de la production depuis 50 ans. Conformément aux prédictions de la loi d’Okun, le chômage a augmenté de façon importante en Espagne, au Japon et aux États-Unis. En revanche, dans chacun de ces trois pays, la hausse du chômage a été plus forte que ce que prédisait la loi d’Okun : le point rouge est bien au-dessus de la droite de régression en noir. La situation en Allemagne est très différente : la loi d’Okun prévoyait une hausse du chômage de 1,50 point de pourcentage, mais le chômage en Allemagne n’a quasiment pas changé en 2009, comme le montre le point rouge. Un décideur public en charge des questions économiques serait sûrement intéressé de comprendre comment l’Allemagne a réussi à protéger ses emplois alors qu’elle était confrontée à la plus grande crise économique des 50 dernières années. Nous en verrons les causes un peu plus loin dans cette unité. Notre Einstein à la fin de cette section montre comment prédire la hausse du chômage associée à une variation du PIB en utilisant la relation d’Okun. Le Brésil et la Malaisie ont également connu des contractions de leur niveau de production, ainsi qu’une hausse du chômage en 2009. Toutefois, à l’instar de la plupart des économies en développement, ils ont été moins durement frappés par la crise que les économies avancées. La Malaisie avait d’ailleurs récemment souffert d’une contraction bien plus sévère de son économie lors de la crise économique asiatique en 1998, au cours de laquelle la croissance fut de -7,4 % – une contraction si forte qu’elle ne pouvait pas être représentée sur notre graphique. Nous pouvons résumer la relation entre production, chômage et bien-être ainsi : Plein écran
Question 13.2 Choisissez la ou les bonnes réponsesLe graphique suivant montre la relation entre le taux de croissance du PIB réel et l’évolution du chômage aux États-Unis entre 1961 et 2019. Plein écran L’équation affichée est le résultat de la régression pour la droite de meilleur ajustement. D’après ces informations, laquelle des affirmations suivantes est correcte ?
13.3 Mesurer l’économie agrégéeLes économistes utilisent ce que l’on appelle des agrégats pour décrire l’économie dans son ensemble (ou l’économie agrégée, c’est-à-dire simplement la somme de toutes ses composantes). production agrégéeLa production totale au sein d’une économie, agrégeant tous les secteurs et toutes les régions.Dans la Figure 13.5, la production agrégée (PIB) recouvre la production de l’ensemble des producteurs d’un pays, et pas seulement ceux d’une région, ou d’une entreprise ou encore d’un secteur particulier. Rappelez-vous à l’Unité 1, les mots de l’économiste Diane Coyle, spécialiste de la mesure du PIB, qui le définit comme regroupant : comptabilité nationaleLe système utilisé pour mesurer la production et la dépense agrégées au sein d’un pays.valeur ajoutéePour un processus de production, c’est la valeur de la production moins la valeur de tous les facteurs de production (appelés les biens intermédiaires). Les biens d’équipement et le travail utilisés dans la production ne sont pas des biens intermédiaires. La valeur ajoutée est égale aux profits avant impôt et aux salaires. Les comptes nationaux sont des statistiques publiées par les bureaux nationaux de statistique, qui utilisent des informations sur le comportement individuel pour construire une image quantifiée de l’économie dans son ensemble. Il existe trois manières différentes d’estimer le PIB :
La relation entre la dépense, la production et les revenus dans l’économie dans son ensemble peut être représentée comme un flux circulaire : la mesure du PIB par les comptes nationaux peut s’effectuer au niveau de la dépense, de la production ou des revenus. S’il était possible de les mesurer précisément, les sommes des dépenses, des productions et des revenus dans une année donnée seraient identiques de sorte que l’étape à laquelle on effectue la mesure n’aurait pas d’importance. Cela tient au fait que toute dépense dans un bien ou un service, qui a nécessairement été produit, constitue un revenu pour celui qui l’a vendu. Si vous achetez un taco à un vendeur ambulant au prix de 20 pesos, votre dépense est alors de 20 pesos, la valeur ajoutée du taco dont la production a été nécessaire à cette vente est de 20 pesos, et le revenu reçu par le vendeur ambulant est aussi de 20 pesos. Le même raisonnement s’applique si vous achetez une voiture à 20 000 $, un massage à 50 $ ou une assurance vous coûtant 20 $ par mois. Les ménages comme les entreprises reçoivent un revenu et le dépensent. La Figure 13.6 montre le flux circulaire entre les ménages et les entreprises (en laissant, pour l’instant, de côté le rôle de l’État et les achats et ventes à l’étranger). Plein écran Figure 13.6 Le modèle de flux circulaire : trois façons de mesurer le PIB. Dans le modèle de l’économie de la Figure 1.12, nous nous sommes intéressés aux flux physiques entre les ménages, les entreprises et la biosphère plutôt qu’au flux circulaire de revenu. Dans l’Unité 20, nous étudierons comment l’interaction des ménages et des entreprises avec la biosphère peut être mesurée. Le PIB peut être défini par chacune de ces trois approches. Les trois méthodes de mesure du PIB sont mieux comprises à l’aide d’une économie très simple comprenant seulement trois industries. L’économie produit un seul bien, des chemises en coton, qui sont vendues aux consommateurs pour 100 $. L’industrie de la chemise achète du tissu pour 80 $, qui à son tour achète du coton à l’industrie du coton brut pour 50 $. Le produit final ou PIB de cette économie est égal à 100 $, car c’est la valeur de la vente au consommateur final. Le PIB peut également être mesuré par la valeur ajoutée par chaque industrie : la valeur ajoutée de l’industrie du coton brut est égale à la valeur de sa production, soit 50 $, car elle n’achète aucun intrant ; la valeur ajoutée de l’industrie du tissu est de 80 - 50 = 30 $ ; et la valeur ajoutée de l’industrie de la chemise est de 100 - 80 = 20 $. La valeur ajoutée totale dans l’économie est de 100 $, exactement égale à la valeur de la production finale et égale à la dépense finale totale. Les revenus sont perçus sous forme de salaires et de bénéfices. Dans toutes les industries de l’économie, les salaires plus les bénéfices seront égaux à la valeur de la production finale (qui est égale à la valeur ajoutée totale). importations (M)Biens et services produits dans le reste du monde et achetés par les ménages, les entreprises et l’État de l’économie domestique.exportations (X)Biens et services produits dans un pays particulier et vendus aux ménages, entreprises et États du reste du monde.Par conséquent, le PIB peut être défini par chacune de ces trois approches. Il faut toutefois rester prudent dans la définition, car bien que toute dépense effectuée par une personne corresponde toujours à un revenu pour une autre, dans le contexte de la mondialisation, ces deux personnes se trouvent souvent dans des pays différents. C’est le cas avec les importations et les exportations : quelqu’un en Chine peut acheter du riz d’un producteur au Japon, impliquant que la dépense est chinoise, tandis que le revenu est japonais. Comment rendre compte de ces transactions ? Puisque le PIB est défini comme la production domestique, cette transaction compte pour le PIB japonais car le riz a été produit (et vendu) par le Japon. Ainsi, les exportations sont intégrées au PIB parce qu’elles font partie de la production domestique, mais ce n’est pas le cas des importations puisqu’elles sont produites hors du territoire. Pour cette raison, le PIB est défini pour inclure les exportations et exclure les importations :
Le modèle de flux circulaire de la Figure 13.6 tient uniquement compte des ménages et des entreprises, mais l’État et ses services publics peuvent être intégrés de façon analogue. Les ménages obtiennent des biens et des services fournis par l’État sans les payer au moment de leur consommation. L’enseignement primaire fournit un bon exemple. Le modèle de flux circulaire permet de visualiser la consommation et la production de ces services :
En ce sens, on peut voir l’État comme un autre producteur comparable à une entreprise – à cette différence près que les impôts payés par un ménage en particulier financent les services publics d’une manière générale et ne correspondent pas nécessairement aux services dont ce ménage bénéficie. Dans l’Unité 19, nous verrons comment le paiement des impôts et le bénéfice des services publics ou des allocations varient selon les ménages. Les services publics n’étant pas vendus sur le marché, nous devons faire l’hypothèse supplémentaire selon laquelle la valeur ajoutée de la production de l’État est égale aux coûts de production pour l’État. On peut dès lors affirmer que si des citoyens payent en moyenne 15 000 $ d’impôts par an (la dépense), cela correspond à 15 000 $ de recettes fiscales pour l’État (le revenu), qu’il utilise pour produire des biens et des services publics d’une valeur de 15 000 $ (la valeur ajoutée). Puisque la dépense, la production et les revenus sont tous équivalents, il est possible de s’appuyer sur l’une ou l’autre de ces approches pour mieux comprendre les deux autres. Nous avons décrit les récessions comme des périodes de croissance négative de la production. Cela signifie qu’il doit, par équivalence, exister des périodes de croissance négative de la dépense (le niveau de production ne peut décliner que si les consommateurs achètent moins qu’auparavant). Souvent l’on constate même que le niveau de production décline précisément parce que les consommateurs achètent moins. Cette analyse est très utile, car nous avons une connaissance approfondie des déterminants de la dépense, ce qui en conséquence va nous aider à comprendre les récessions, comme nous le verrons à l’Unité 14. Politique et politiques publiques 13.4 Mesurer l’économie agrégée : les composantes du PIBLa Figure 13.7 présente les différentes composantes du PIB dans l’approche par la dépense, en se fondant sur les comptes nationaux d’économies de trois continents différents : les États-Unis, la zone euro et la Chine.
Figure 13.7 Décomposition du PIB de 2013 pour les États-Unis, la zone euro et la Chine. Consommation (C)consommation (C)Dépense dans des biens de consommation incluant des biens et services de courte durée ainsi que des biens et services de longue durée que l’on appelle biens durables.La consommation comprend les biens et services achetés par les ménages. Les biens sont en principe des choses tangibles. Les biens comme les voitures, les appareils ménagers et les meubles qui ont une durée de vie d’au moins trois ans sont appelés des biens durables ; ceux dont la durée de vie est inférieure sont des biens non durables. Les services sont des choses généralement intangibles achetées par les ménages, telles que les transports, le logement (paiement d’un loyer), une adhésion à un club de gym, un traitement médical. La dépense des ménages en biens durables, comme les voitures et appareils ménagers, est intégrée dans la partie « consommation » de la comptabilité nationale, bien que, comme nous le verrons, la décision d’acheter ces biens durables s’apparente plus, en termes économiques, à une décision d’investissement. Le tableau de la Figure 13.7 indique que, dans les économies avancées, la consommation est de loin la composante la plus importante du PIB, de l’ordre de 56 % dans la zone euro et de 68 % aux États-Unis. Par contraste, en Chine, la consommation finale des ménages ne représente que 37 % du PIB. Investissement (I)investissement (I)Dépense dans des biens d’équipement nouvellement produits (machines et équipements) et dans des bâtiments, y compris de nouveaux logements.Il comprend, d’une part, la dépense des entreprises visant à acquérir de nouveaux équipements et bâtiments commerciaux et, d’autre part, la dépense en construction résidentielle (construction de nouveaux logements). stocksProduits détenus par une entreprise avant leur vente ou leur utilisation, y compris les matériaux bruts et les biens intermédiaires et finaux destinés à la vente.L’investissement sous forme de la production non vendue des entreprises est enregistré comme un poste spécifique des comptes nationaux. Il est appelé variation des stocks. Inclure la variation de stocks est essentiel pour garantir que lorsque l’on calcule le PIB à travers l’approche par la production (ce qui est produit), on obtienne bien un montant égal au PIB, lorsqu’il est mesuré à travers l’approche par la dépense (ce qui est dépensé, y compris l’investissement des entreprises sous forme de stocks d’invendus). Dans les pays de l’OCDE, l’investissement représente une part bien plus faible du PIB, environ 20 % du PIB aux États-Unis et dans la zone euro. En revanche, l’investissement représente près de la moitié du PIB en Chine. Dépense publique de biens et services (G)dépense publique (G)Les dépenses de l’État pour acquérir des biens et services. Quand G est utilisé comme composante de la demande agrégée, cela n’inclut pas les dépenses de transfert, comme les pensions de retraite ou les allocations chômage. Voir également : transferts de l’État.Il s’agit de la consommation et de l’investissement de l’État (c’est-à-dire des administrations centrales et locales, connues sous le nom d’« administrations publiques »). L’État achète des biens (comme du matériel de bureau, des logiciels et des voitures) et des services (comme les traitements des fonctionnaires, des forces armées, de la police, des enseignants, des scientifiques). Les dépenses d’investissement de l’État ont pour objet la construction de routes, d’écoles, d’équipements de défense. La santé et l’éducation sont les principaux postes de dépense publique en biens et services. transferts de l’ÉtatDépense de l’État sous la forme de paiements aux ménages ou individus. Les allocations chômage et les pensions de retraite sont des exemples de transferts. Les transferts ne sont pas inclus dans la dépense publique (G) de la comptabilité nationale. Voir également : dépense publique (G).Les transferts de l’État, sous forme d’allocations et de pensions, telles que Medicare aux États-Unis ou les systèmes de Sécurité sociale en Europe, ne sont pas inclus dans G, car ils constituent des revenus pour les ménages : quand ils sont dépensés, ils sont enregistrés dans C ou I. S’ils étaient intégrés à G, ils feraient l’objet d’un double comptage. La part de la dépense publique en biens et en services est un peu plus élevée en Europe (21,1 %) qu’aux États-Unis (15,1 %). Rappelez-vous que ce montant ne prend pas en compte les transferts (comme les allocations et les pensions). La principale différence entre le rôle de l’État en Europe et aux États-Unis réside dans ces transferts. En 2012, le total des dépenses publiques, transferts compris, était de 57 % du PIB en France, contre 40 % aux États-Unis. Exportations (X)Ce sont les biens et services produits par l’économie domestique qui sont achetés par les ménages, les entreprises et l’État dans d’autres pays. Importations (M)Ce sont les biens et services achetés par les ménages, les entreprises et l’État de l’économie domestique, mais qui sont produits dans d’autres pays. Exportations nettes (X − M)balance commercialeValeur des exportations moins la valeur des importations. Connu également sous le terme : exportations nettes. Voir également : déficit commercial, excédent commercial.déficit commercialLa balance commerciale d’un pays lorsqu’elle est négative (le pays importe plus qu’il n’exporte). Voir également : excédent commercial, balance commerciale.excédent commercialLa balance commerciale d’un pays lorsqu’elle est positive (le pays exporte plus qu’il n’importe). Voir également : déficit commercial, balance commerciale.demande agrégée (ou globale)Le total des différentes composantes de la dépense dans l’économie, additionnés pour donner le PIB : Y = C + I + G + X – M. Cela représente la somme totale de la demande (ou de la dépense) en biens et services produits dans l’économie. Voir également : consommation, investissement, dépense publique, exportations, importations.Également désignées sous le terme de balance commerciale, il s’agit de la différence entre la valeur des exportations et des importations (X – M). En 2010, les États-Unis enregistraient un déficit commercial de 3,4 % du PIB, tandis que la Chine réalisait un excédent commercial de 3,6 % du PIB. La balance commerciale constitue un déficit si la valeur des exportations moins celle des importations est négative. Elle constitue un excédent commercial si la différence est positive. PIB (Y)Pour calculer le PIB, qui correspond à la demande agrégée pour ce qui est produit au sein du pays, nous sommons les achats émanant d’autres pays (exportations) et y soustrayons les achats par les résidents de biens et services produits à l’étranger (importations). En prenant l’exemple de la Chine, son PIB est la demande agrégée pour la production de la Chine, qui comprend ses exportations moins ses importations. Travailler avec les données de la comptabilité nationale permet d’en apprendre beaucoup sur l’économie. Pour ce faire, une manière simple est d’utiliser FRED (Federal Reserve Economic Data). Pour en savoir plus sur le pays dans lequel vous vivez et le comparer à d’autres pays, reportez-vous à l’Exercice 13.4. Pour la plupart des pays, les dépenses de consommation privée constituent la plus grande part du PIB (consultez la Figure 13.7 pour le vérifier). Les dépenses d’investissement représentent une part beaucoup plus faible (le niveau d’investissement très élevé de la Chine, documenté dans la Figure 13.7, fait figure d’exception). Nous nous appuyons sur les données des comptes nationaux pour calculer dans quelle mesure chaque poste de dépenses vient alimenter les fluctuations du PIB. L’équation ci-dessous montre comment la croissance du PIB peut être décomposée selon les contributions de chaque poste de dépenses. On observe que la contribution de chaque composante à la croissance du PIB dépend à la fois de la part de cette composante dans le PIB et sa croissance au cours de la période précédente. Le tableau de la Figure 13.8 présente les contributions de chaque poste de dépenses à la croissance du PIB des États-Unis. Les données portent sur 2009, au milieu de la récession causée par la crise financière mondiale. Nous pouvons observer que :
Figure 13.8 Contributions à l’évolution en pourcentage du PIB réel aux États-Unis en 2009. Federal Reserve Bank of St. Louis. 2015. FRED.. Notez qu’en comptabilité nationale, l’investissement public est comptabilisé dans les dépenses publiques et non dans l’investissement. Inconvénients du PIB comme mesureIl faut garder à l’esprit trois choses lorsque l’on manie le concept du PIB :
Question 13.3 Choisissez la ou les bonnes réponsesLaquelle de ces affirmations à propos de la mesure du PIB est correcte ?
Question 13.4 Choisissez la ou les bonnes réponsesLesquels des événements suivants conduiraient à une augmentation du PIB ?
Histoire, instabilité et croissancePolitique et politiques publiques Les économies connaissent des hauts et des bas. Jusqu’à présent, nous avons étudié les économies industrialisées, mais cela est tout aussi vrai des économies agraires. La Figure 13.9a illustre les fluctuations de la production dans l’économie britannique entre 1550 et 1700, alors qu’elle était encore largement basée sur l’agriculture. À l’image de l’analyse du PIB en différentes composantes de la dépense, nous pouvons également décomposer le PIB en différents secteurs de production : agriculture, industrie, services. Suivez l’analyse de la Figure 13.9a pour voir le rôle du secteur agricole dans les fluctuations du PIB. Plein écran Figure 13.9a Rôle de l’agriculture dans les fluctuations de l’économie agrégée en Grande-Bretagne (1550–1700). Broadberry, Stephen, Bruce M. S. Campbell et Alexander Klein. 2015. British Economic Growth, 1270–1870. Cambridge: Cambridge University Press. Plein écran Croissance du PIB entre 1550 et 1700 La figure représente le taux de croissance du PIB réel et ses trois secteurs principaux à cette période. Broadberry, Stephen, Bruce M. S. Campbell et Alexander Klein. 2015. British Economic Growth, 1270–1870. Cambridge: Cambridge University Press. Plein écran Agriculture Il ressort nettement que le secteur agricole est beaucoup plus volatile que les autres secteurs. Broadberry, Stephen, Bruce M. S. Campbell et Alexander Klein. 2015. British Economic Growth, 1270–1870. Cambridge: Cambridge University Press. Plein écran Industrie À cette période, la différence moyenne de la production du secteur agricole d’une année sur l’autre était trois fois plus grande que celle du secteur industriel… Broadberry, Stephen, Bruce M. S. Campbell et Alexander Klein. 2015. British Economic Growth, 1270–1870. Cambridge: Cambridge University Press.
Plein écran Services … et plus de dix fois plus grande que celle du secteur des services. Broadberry, Stephen, Bruce M. S. Campbell et Alexander Klein. 2015. British Economic Growth, 1270–1870. Cambridge: Cambridge University Press. Plein écran L’agriculture, moteur des fluctuations du PIB Entre 1552 et 1553, le secteur agricole a cru de 41 % et le PIB a augmenté de 17 %. L’année suivante, le secteur agricole s’est contracté de 16 % et l’économie a reculé de 8 %. Broadberry, Stephen, Bruce M. S. Campbell et Alexander Klein. 2015. British Economic Growth, 1270–1870. Cambridge: Cambridge University Press. La Figure 13.9b présente les taux de croissance du PIB réel et de l’agriculture en Inde depuis 1960. En 1960, l’agriculture comptait pour 43 % de l’économie domestique ; cette part a chuté, s’établissant à 17 % en 2014. En partie grâce aux techniques agricoles modernes, l’agriculture indienne n’est pas aussi volatile que l’agriculture britannique d’avant 1700. Mais elle reste tout de même deux fois plus volatile que le PIB dans son ensemble. Plein écran Figure 13.9b Rôle de l’agriculture dans les fluctuations de l’économie agrégée en Inde (1961–2014). chocUn changement exogène dans une ou plusieurs des données fondamentales utilisées dans un modèle.Pour nous aider à réfléchir aux coûts et aux causes des fluctuations économiques, commençons avec une économie agraire. Dans une économie fondée sur la production agricole, les conditions météorologiques – ainsi que les guerres et les maladies – expliquent pour l’essentiel les bonnes et les mauvaises années. Le terme de choc est utilisé en économie pour désigner un événement inattendu, comme par exemple, un événement météorologique extrême ou une guerre. Comme nous le savons tous, les gens pensent au futur et anticipent généralement que des événements imprévisibles puissent survenir. Ils agissent également selon ces croyances. Dans une économie moderne, c’est la base de l’industrie des assurances. Dans une économie agricole, les ménages anticipent aussi bien les risques de mauvaises récoltes que les chances de bonnes récoltes. Comment les ménages font-ils face aux fluctuations, qui peuvent réduire de moitié leur revenu d’une saison à l’autre? Nous pouvons distinguer deux situations :
Chocs affectant les ménagesauto-assuranceL’épargne que fait un ménage pour pouvoir maintenir sa consommation en cas de baisse temporaire du revenu ou d’un besoin d’une dépense très importante.Les gens utilisent deux stratégies pour faire face aux chocs qui touchent spécifiquement leur ménage3 : co-assuranceUne manière de regrouper l’épargne de différents ménages pour que chaque ménage puisse maintenir son niveau de consommation en cas de baisse temporaire du revenu ou d’un besoin d’une dépense très importante.
La co-assurance informelle entre membres de la même famille et entre amis est fondée à la fois sur la réciprocité et la confiance : vous êtes prêt(e) à aider ceux qui vous ont aidé par le passé, et vous faites confiance à ceux que vous avez aidés pour en faire de même. Ce type de comportement implique souvent l’altruisme envers ceux qui sont dans le besoin, bien que la co-assurance puisse fonctionner sans.4 altruismeLa volonté de supporter un coût afin de faire bénéficier quelqu’un d’autre.Ces stratégies mettent en évidence deux aspects importants des préférences des ménages :
Chocs affectant toute l’économieLa co-assurance est moins efficace si le choc négatif frappe tout le monde au même moment. Dans le cas d’une sécheresse, d’une inondation ou d’un tremblement de terre, il est plus difficile pour une économie agraire de protéger le bien-être des personnes touchées. Par exemple, il n’est généralement pas possible de stocker pendant plusieurs années les produits issus d’une récolte exceptionnelle en prévision d’une mauvaise récolte, qui pourrait prendre des années à arriver. Néanmoins, quand de tels chocs frappent, la co-assurance peut être d’autant plus nécessaire, car la survie de la communauté nécessite que les ménages les moins frappés aident ceux qui en souffrent davantage. Dans les économies agraires du passé où la variabilité climatique était forte, les individus pratiquaient la co-assurance fondée sur la confiance, la réciprocité et l’altruisme. Il s’agit là de normes, comme la norme d’équité que nous avons exposée dans l’Unité 4. Ces normes ont probablement émergé et perduré parce qu’elles ont aidé les individus à survivre dans des régions fréquemment touchées par des chocs météorologiques. Des recherches récentes semblent indiquer que ces normes ont perduré même après que le rôle du climat dans l’activité économique est devenu pour l’essentiel insignifiant. Des données étayent ces résultats : les habitants des régions où la variabilité annuelle des précipitations et des températures fut forte au cours des 500 dernières années se caractérisent aujourd’hui par des niveaux élevés de confiance. Ils ont par ailleurs davantage d’institutions de co-assurance modernes, telles que l’assurance chômage (paiement d’allocations chômage) et les aides publiques pour les personnes handicapées et les pauvres.5
Question 13.5 Choisissez la ou les bonnes réponsesLa Figure 13.9a représente le taux de croissance du PIB réel ainsi que les taux de croissance des secteurs agricole, industriel et des services entre 1550 et 1700 en Grande-Bretagne. Parmi les affirmations suivantes, lesquelles peuvent être déduites du graphique ?
13.6 Pourquoi la consommation est-elle lisse ?Une source essentielle de stabilisation dans toute économie vient du souhait des ménages de maintenir leur consommation de biens et de services à un niveau constant. Cela nécessite de la part des ménages la planification de leurs dépenses. Ils anticipent l’évolution future de leur revenu, et ils épargnent et empruntent afin de lisser les écarts de revenu. Il s’agit de l’auto-assurance évoquée précédemment. Nous avons vu que ce comportement existe dans les sociétés agraires en proie à des chocs météorologiques et des guerres, mais les ménages des économies modernes cherchent également à lisser leur consommation. Une manière de se représenter ce comportement consiste à se concentrer sur des événements prévisibles. Une jeune personne qui pense à sa vie peut imaginer obtenir un premier emploi, puis connaître une carrière professionnelle au cours de laquelle son revenu sera supérieur à son premier salaire, suivie par des années de retraite où son revenu sera inférieur à celui de sa vie active. Comme nous l’avons vu dans l’Unité 10, les individus préfèrent lisser leur consommation car il y a des rendements marginaux décroissants à la consommation à tout instant donné. Ainsi avoir beaucoup à consommer plus tard et peu aujourd’hui, par exemple, est pire qu’avoir un montant intermédiaire à consommer au cours des deux périodes (Figure 10.3a). Une personne envisageant une promotion prochaine et planifiant ses dépenses se trouverait dans une situation similaire à Julia dans l’Unité 10 (Figure 10.2) : elle avait un montant d’argent limité dans le présent, mais savait qu’elle en aurait plus dans le futur, et, par conséquent, désirait transférer une partie de son pouvoir d’achat futur vers le présent en empruntant. Le modèle de prise de décision de l’individu introduit dans les Unités 3 et 10 constitue la base pour analyser la consommation d’une personne tout au long de sa vie. Il prédit que, même si le revenu fluctue au cours de notre vie, le niveau de consommation que nous désirons est plus lisse. Nous pouvons utiliser la Figure 13.10 pour visualiser la tendance qu’ont les individus à lisser leurs dépenses de consommation. Dans cet exemple simple, le revenu et la consommation de la personne avant qu’elle ne commence à travailler sont identiques – par exemple, nous supposons que les parents aident leurs enfants jusqu’à leur premier emploi. Suivez l’analyse de la Figure 13.10 pour observer leur revenu et leur consommation dans le temps. Plein écran Figure 13.10 Lissage de la consommation tout au long de notre vie. Plein écran Revenu au cours du temps La ligne bleue montre la trajectoire du revenu au cours du temps : elle démarre à un niveau bas, s’élève quand l’individu progresse dans sa carrière professionnelle et chute au moment de la retraite. Plein écran Dépenses de consommation Il s’agit de la ligne rouge. Elle est lisse (plate) à partir du point où l’individu commence à travailler. Plein écran L’individu emprunte lorsqu’il est jeune À ce moment-là, le revenu est bas. L’individu épargne et rembourse sa dette quand il est plus âgé et gagne davantage. Il vit sur ses économies après la retraite, quand le revenu chute à nouveau. Un élément frappant de la Figure 13.10 est que la consommation change avant que le revenu ne change lui-même. À l’instar d’une famille dans une économie agraire qui commence à épargner pour la dot de sa fille avant qu’elle ne soit en âge de se marier, la personne représentée dans la Figure 13.10 anticipe qu’elle recevra un revenu plus élevé après une promotion, et, à l’avance, ajuste vers le haut sa consommation. Comme nous l’avons vu dans l’Unité 10, cela suppose qu’elle puisse emprunter. Peut-être est-il possible de convaincre la banque que l’emploi est sûr et que les perspectives sont bonnes. Le cas échéant, la personne peut probablement obtenir un prêt hypothécaire maintenant, et vivre dans une maison plus confortable avec un niveau de vie plus élevé que si les gains à long terme devaient rester au niveau du salaire de départ. La Figure 13.10 suggère que la personne emprunte lorsqu’elle est jeune et que son revenu est faible, qu’elle épargne et rembourse la dette lorsqu’elle est âgée et gagne plus, et enfin qu’elle vit sur ses économies pendant la retraite, lorsque son revenu diminue de nouveau. Le modèle de prise de décision met en évidence le souhait des ménages d’avoir un profil de consommation lisse. Nous allons maintenant nous demander ce qu’il se passerait si quelque chose d’inattendu se produisait et venait perturber ce projet de consommation pour la vie. Que se passe-t-il si l’individu représenté sur la figure connaît un choc de revenu imprévu ? Le modèle de lissage de la consommation suggère que :
Pour résumer, lorsque les individus et les ménages se comportent comme sur la Figure 13.10, l’effet des chocs sur l’économie est atténué, car les décisions de dépenses sont fondées sur des considérations de long terme. Ils cherchent à éviter les variations de la consommation même quand le revenu fluctue.
Quels sont les facteurs limitant le lissage de la consommation d’un ménage ? Nombreux sont les individus et les ménages qui ne sont pas en mesure de planifier ou de mettre en œuvre des projets de consommation de long terme. Planifier peut être difficile en raison d’un manque d’information. Même si nous avons l’information, nous pouvons ne pas être en mesure de l’utiliser pour prédire l’avenir avec certitude. Par exemple, il est souvent très difficile de juger si un changement de situation est temporaire ou permanent. Trois autres types de contraintes affectent les moyens par lesquels les ménages peuvent lisser leur consommation lorsqu’ils font face à des chocs de revenu. Les deux premières contraintes sont des limites à l’auto-assurance, la dernière est une limite à la co-assurance :
Contraintes de créditNous avons vu à l’Unité 10 que la somme qu’une famille peut emprunter est limitée, en particulier si elle n’est pas riche. Les ménages avec peu d’argent ne peuvent soit pas emprunter du tout, soit seulement à des taux d’intérêt extrêmement élevés. Ainsi, les personnes qui ont le plus besoin de crédit afin de lisser leur consommation n’y ont souvent pas accès. Les contraintes de crédit et l’exclusion du marché du crédit étudiées dans l’Unité 10 permettent d’expliquer pourquoi emprunter est souvent impossible. La Figure 13.11 illustre la réaction de deux types de ménages différents suite à une hausse anticipée des revenus. Les ménages qui sont en mesure d’emprunter autant qu’ils le souhaitent sont représentés dans le graphique du haut. Les ménages contraints par le crédit et dans l’incapacité d’obtenir un prêt ou une carte de crédit, sont représentés sur celui du bas. Suivez l’analyse de la Figure 13.11 pour voir comment les deux ménages réagissent aux deux évènements majeurs :
Plein écran Figure 13.11 Consommation en présence de contraintes de crédit : le cas d’une hausse anticipée du revenu. Plein écran Revenu au fil du temps Les lignes bleues sur le graphique montrent que la trajectoire de revenu au cours du temps est la même pour les deux ménages. Plein écran Lissage de la consommation La ligne rouge sur le graphique supérieur montre que pour un ménage lissant sa consommation, la consommation change dès l’arrivée de la nouvelle. Plein écran Effet des contraintes de crédit En revanche, un ménage avec une contrainte de crédit et qui ne peut donc pas emprunter doit attendre que le revenu arrive avant d’ajuster son niveau de vie. Nous pouvons analyser ces décisions à l’aide du modèle d’emprunt et de prêt à deux périodes de l’Unité 10, présenté dans la Figure 13.12. Imaginons tout d’abord un ménage qui reçoit le même revenu, y, dans la période présente et à la suivante, représenté par le point de dotation A dans la Figure 13.12. Le taux d’intérêt est r, de sorte que si le ménage peut emprunter et épargner, alors il sera en mesure de choisir n’importe quel point sur la contrainte budgétaire, dont la pente est −(1 + r). La contrainte budgétaire est un autre terme pour désigner la frontière de l’ensemble des possibles de pente −(1 + r) que nous avons utilisée dans l’Unité 10. Plein écran Figure 13.12 Ménages contraints et non contraints par le crédit : le cas d’une réduction temporaire et imprévue du revenu. Plein écran Revenu identique aux deux périodes Considérez un ménage qui reçoit le même revenu, y, à la période actuelle et à la suivante, représenté par le point de dotation A. Plein écran Un ménage non contraint Le taux d’intérêt est r, de sorte que si le ménage peut emprunter et épargner, alors il peut choisir n’importe quel point situé sur la contrainte budgétaire, qui a pour pente −(1 + r). Plein écran Préférence pour le lissage Supposez que le ménage préfère consommer le même montant à chaque période ; il est indiqué par le point A où la courbe d’indifférence est tangente à la contrainte budgétaire. Plein écran Un choc négatif À présent supposez que le ménage subisse cette année un choc de revenu négatif temporaire et inattendu, par exemple une mauvaise récolte, qui abaisse le revenu de cette année au niveau de y′, laissant le revenu attendu l’année suivante inchangé à y.
Plein écran La contrainte budgétaire S’il peut emprunter et épargner, alors sa contrainte budgétaire a une pente de −(1 + r) et passera par le point A′. Plein écran La courbe d’indifférence la plus haute La courbe d’indifférence la plus haute touche cette contrainte budgétaire au point A″, indiquant que le ménage préfère lisser la consommation, en consommant c′ à chaque période. Le ménage emprunte c′ − y′ maintenant et rembourse (1 + r)(c′ − y′) à la prochaine période, après le choc. Cet exemple nous apprend que :
Nous pouvons également noter que la courbe d’indifférence qui passe par A′ (non représentée) est plus basse que celle qui passe par A″. Cela signifie que le ménage qui peut lisser sa consommation en empruntant voit sa situation améliorée par rapport au ménage contraint par le crédit. Une variation temporaire du revenu a bien plus de conséquences sur la consommation actuelle des ménages sous contrainte de crédit que sur celle des ménages non contraints. Manque de volontémanque de volontéL’incapacité à s’en tenir au cap fixé (effectuer un régime ou renoncer à un autre plaisir présent, par exemple), entraînant des regrets par la suite. Le manque de volonté diffère de l’impatience qui peut aussi pousser un individu à favoriser des loisirs présents, sans pour autant le regretter par la suite.Dans la Figure 13.13, un individu apprend que son revenu va diminuer dans le futur. Cela pourrait être dû à son départ en retraite ou à la perte de son emploi. Cela pourrait également refléter un pessimisme accru, par exemple si les journaux prédisent une crise économique. Le haut de la Figure 13.13 représente à nouveau un ménage qui planifie à long terme pour lisser sa consommation. Le bas représente un ménage manquant de volonté qui consomme tout son revenu dans le présent, même si cela implique une réduction substantielle de sa consommation dans le futur. Plein écran Figure 13.13 Consommation quand les ménages ont peu de volonté : le cas d’une baisse anticipée du revenu. Plein écran La trajectoire du revenu Les lignes bleues sur le graphique montrent que le revenu suit la même trajectoire pour les deux types de ménages. Plein écran Lissage de la consommation La ligne rouge dans le graphique supérieur montre la trajectoire de consommation pour un ménage lissant sa consommation. Quand il apprend la baisse imminente de son revenu, il commence immédiatement à épargner pour pouvoir maintenir sa consommation lorsque le revenu diminuera. Plein écran Un ménage avec peu de volonté En revanche, le ménage avec peu de volonté ne réagit pas à la nouvelle et conserve un niveau de consommation élevé jusqu’à la baisse de son revenu. Plusieurs d’entre nous sont familiers de cette caractéristique du comportement humain. Nous manquons souvent de volonté. Ne pas réussir à épargner n’a évidemment rien à voir ici avec l’incapacité à emprunter : l’épargne est une forme d’auto-assurance et elle n’engage que soi.
Co-assurance limitéeLa plupart des ménages ne bénéficient pas d’un réseau familial ou amical qui pourrait les aider d’une manière substantielle sur une longue période en cas de choc négatif sur leur revenu. Comme nous l’avons vu, les allocations chômage fournissent ce type de co-assurance – les citoyens épargnés par le choc une année donnée assurent ceux qui ont été malchanceux. Toutefois, dans beaucoup de sociétés, la portée de ces politiques est très limitée.6 La valeur du lissage à travers la co-assurance ressort nettement de l’expérience de l’Allemagne au moment de la baisse drastique des revenus qu’a connu son économie en 2009 (voir la Figure 13.5). Lorsque la demande pour les produits des entreprises a diminué, les heures de travail des salariés ont été réduites. Mais, suite à la décision du gouvernement et à des accords entre les entreprises et leurs employés, très peu d’Allemands ont perdu leur emploi, et beaucoup d’entre eux ont continué à percevoir le même salaire malgré la réduction des heures effectuées. Ainsi, malgré les baisses du revenu agrégé, la consommation s’est maintenue et le chômage n’a pas augmenté.
Néanmoins, la plupart des données montrent qu’à cause des contraintes de crédit, du manque de volonté et de la co-assurance limitée, une baisse de revenu provoque chez de nombreux ménages une baisse de même ampleur de leur consommation. Dans le cas d’un choc négatif de revenu, comme la perte de son emploi, cela signifie que le choc de revenu se diffusera à d’autres familles qui auraient produit et vendu les biens de consommation qui ne sont à présent plus demandés. Nous verrons dans la prochaine unité que le choc initial de revenu peut être multiplié (ou amplifié) par le fait que les familles sont limitées dans leur capacité à lisser leur consommation. Cela nous aidera à comprendre le cycle économique et comment les décideurs publics peuvent contribuer ou non à le réguler.
Question 13.6 Choisissez la ou les bonnes réponsesLa Figure 13.12 représente le choix de consommation d’un consommateur au cours de deux périodes. Son allocation initiale est (y, y), soit un revenu y aux deux périodes, elle est matérialisée par le point A. Le consommateur préfère consommer le même montant à chaque période, si c’est possible. Le taux d’intérêt est r. Supposez maintenant qu’il y a eu un choc temporaire, de sorte que le revenu à la période 1 soit réduit à y′, alors qu’il est prévu que le revenu à la période 2 revienne à y. Supposez de surcroît qu’un consommateur contraint par le crédit ne soit pas du tout capable d’emprunter. Sur la base de ces informations, laquelle des affirmations suivantes est correcte ?
Question 13.7 Choisissez la ou les bonnes réponsesLe graphique suivant montre la trajectoire du revenu pour un ménage informé de l’augmentation et de la baisse attendue de son revenu futur à des périodes données. Plein écran Supposez que le ménage préfère lisser sa consommation s’il le peut. Sur la base de ces informations, laquelle des affirmations suivantes est correcte ?
Histoire, instabilité et croissanceÉconomie mondialeInnovation 13.7 Pourquoi l’investissement est-il volatile ?Les ménages ont tendance à lisser leurs dépenses de consommation quand ils le peuvent, mais il n’existe pas de motivation similaire pour les entreprises s’agissant du lissage de leurs dépenses d’investissement. Celles-ci augmentent leur stock de machines et d’équipements et construisent de nouveaux locaux quand elles voient des opportunités de profits. Contrairement à l’alimentation et à la plupart des autres dépenses de consommation, les dépenses d’investissement peuvent être reportées. Il y a plusieurs raisons pour lesquelles cela peut mener, par moment, à une multitude de projets d’investissement, et par moment, à très peu de projets. Dans l’Unité 2, nous avons vu comment, en innovant, les entreprises ont répondu aux opportunités de profits de la Révolution industrielle. Cela aide à comprendre pourquoi l’investissement a lieu par vagues. Quand une innovation comme la machine à filer est introduite, les entreprises utilisant la nouvelle technologie peuvent produire à moindre coût ou produire avec une qualité supérieure. Elles élargissent ainsi leurs parts de marché. Les entreprises qui conservent l’ancienne technologie peuvent être exclues du marché, parce qu’elles ne parviennent plus à dégager de profit. Mais une nouvelle technologie implique pour les entreprises d’installer de nouvelles machines, ce qui vient alimenter une dynamique d’investissement. Ce phénomène sera amplifié si les entreprises produisant les machines et les équipements ont besoin de développer leurs propres installations pour répondre à la demande supplémentaire attendue. Dans ce cas, l’investissement d’une entreprise pousse d’autres entreprises à investir : si elles ne le font pas, elles risquent de perdre des parts de marché ou même d’être incapables de couvrir leurs coûts, et, finalement, de devoir quitter le marché. Mais l’investissement d’une entreprise peut aussi conduire d’autres entreprises à investir en contribuant à augmenter la taille de leur marché et leurs profits potentiels. Pour comprendre comment l’investissement d’une entreprise peut en pousser d’autres à faire de même, on peut prendre l’exemple de la vague d’investissement dans la haute technologie aux États-Unis. À partir du milieu des années 1990, les nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) ont été introduites à grande échelle dans l’économie américaine. La Figure 13.14 montre la croissance soutenue de l’investissement dans les nouvelles technologies au cours de cette période. Plein écran Figure 13.14 Investissement dans les nouvelles technologies et la bulle Internet (1991–2015). US Bureau of Economic Analysis. 2015. Fixed Assets Accounts Tables. Remarque : Les séries sont en dollars américains courants. La valeur du Nasdaq est la moyenne annuelle de la valeur de clôture du Nasdaq. L’investissement dans les nouvelles technologies correspond à l’investissement dans du matériel de traitement de l’information, des ordinateurs et des équipements périphériques, des outils de communication, des structures de communication et des investissements dans les droits de propriété intellectuelle pour les logiciels, des semi-conducteurs et d’autres composants électroniques. Comme nous l’avons vu dans l’Unité 11, l’investissement dans une nouvelle technologie peut conduire à une bulle sur le marché boursier et un surinvestissement en machines et équipements. Le graphique montre en rouge l’évolution de l’indice du marché boursier américain sur lequel les entreprises de haute technologie sont cotées. C’est l’indice Nasdaq, introduit dans l’Unité 11.
L’indice augmenta fortement à partir du milieu des années 1990 jusqu’à un pic historique en 1999, à mesure que la confiance des investisseurs dans la rentabilité des entreprises des nouvelles technologies grandissait. L’investissement en équipement informatique (la série rouge) connut un essor très rapide en raison de cette confiance, puis chuta fortement après l’érosion de cette dernière, provoquant l’effondrement de l’indice boursier. Cela suggère qu’il y a eu surinvestissement en machines et en équipements : l’investissement ne reprit sa croissance qu’à partir de 2003. Si l’indice Nasdaq a atteint de tels sommets, c’est à cause de ce que l’économiste Robert Shiller a appelé « l’exubérance irrationnelle », déjà évoquée à l’Unité 11. Les croyances concernant l’avenir des hautes technologies ont non seulement porté les prix à des niveaux intenables, mais elles ont aussi conduit à des investissements excessifs en machines et équipements dans ce secteur. Les contraintes de crédit contribuent également à expliquer les vagues de projets d’investissement et la volatilité de l’investissement agrégé. Dans une économie prospère, les profits sont élevés et les entreprises peuvent utiliser ces profits pour financer des projets d’investissement. L’accès au financement externe, en dehors des ressources propres à l’entreprise, est également facilité : par exemple, durant le pic des nouvelles technologies aux États-Unis, l’expansion du marché du Nasdaq reflétait l’appétit des investisseurs pour l’octroi de tel financements par l’achat de parts (actions) dans les entreprises émergentes du secteur des NTIC. Pour comprendre comment l’investissement d’une entreprise peut entraîner l’investissement d’une autre entreprise, pensez à une économie locale comprenant seulement deux entreprises. Les machines et l’équipement de l’entreprise A ne sont pas pleinement utilisés, donc l’entreprise pourrait produire plus si elle embauchait plus de travailleurs. Cependant, la demande est insuffisante pour vendre ce qu’elle produirait en plus. Cette situation reflète ce que l’on appelle la faible utilisation des capacités de production. Les propriétaires de l’entreprise A ne sont pas incités à embaucher plus de travailleurs ou à installer des machines supplémentaires (c’est-à-dire à investir). taux d’utilisation des capacitésDans quelle mesure une entreprise, une industrie ou même une économie entière parviennent à produire autant que leurs biens d’équipement et le savoir actuel le leur permettraient.L’entreprise B a le même problème. En raison de la faible utilisation des capacités de production, les profits des deux entreprises sont faibles. Si nous considérons la situation de ces deux entreprises, nous sommes face à un cercle vicieux : Plein écran Figure 13.15 Des anticipations négatives sur la demande future créent un cercle vicieux. Si les propriétaires des entreprises A et B décidaient d’investir et d’embaucher en même temps, ils emploieraient plus de travailleurs, qui dépenseraient plus, augmentant ainsi la demande pour les produits des deux entreprises. Les bénéfices de ces dernières augmenteraient, et nous aurions un cercle vertueux : Plein écran Figure 13.16 Des anticipations positives sur la demande future créent un cercle vertueux. Ces deux cercles soulignent le rôle des anticipations de la demande future, qui dépendent du comportement des autres acteurs. Un jeu similaire à ceux étudiés dans l’Unité 4 peut illustrer comment sortir du cercle vicieux et entrer dans le cercle vertueux. Comme pour chaque jeu, nous définissons :
Les quatre résultats possibles de l’interaction et les gains associés sont indiqués dans la Figure 13.17. Dans cette figure, nous pouvons voir ce qu’il se passe dans le cas du cercle vertueux (les deux entreprises investissent) et dans celui du cercle vicieux (aucune n’investit). Remarquez ce qu’il se produit si une entreprise investit, mais pas l’autre. Si l’entreprise A investit, mais pas B (cellule en haut à droite), alors A paie pour installer de nouveaux équipements et locaux. En revanche, comme l’autre entreprise n’investit pas, il n’existe pas de demande pour la production supplémentaire réalisée grâce à la nouvelle capacité de production. A enregistre donc des pertes. Pourtant, si B avait su que A investissait, alors B aurait fait des profits plus élevés en investissant aussi (obtenant 100 plutôt que seulement 80). De la même façon, si B avait su que A n’allait pas investir, il aurait été préférable de ne pas investir non plus. Plein écran Figure 13.17 Les décisions d’investissement vues comme un jeu de coordination. Dans ce jeu, les deux entreprises aboutiraient à un résultat plus avantageux en choisissant la même action, et le meilleur résultat est obtenu quand les deux investissent. C’est une autre raison pour laquelle l’investissement fluctue beaucoup. Si les propriétaires des entreprises pensent que les autres entreprises n’investiront pas, alors ils prennent la décision de ne pas investir et confirment ainsi le pessimisme des autres propriétaires. C’est ainsi que le cercle vicieux s’auto-alimente. Le cercle vertueux s’auto-alimente pour la même raison : l’optimisme sur le comportement des autres entreprises pousse à investir, ce qui alimente l’optimisme. équilibre de NashUn ensemble de stratégies, une par joueur dans le jeu, tel que la stratégie de chaque joueur est la meilleure réponse aux stratégies choisies par tous les autres.On trouve deux équilibres de Nash dans ce jeu (coin supérieur gauche et coin inférieur droit). Pour trouver les équilibres de Nash, utilisez la méthode des « points » et des « cercles » vue à l’Unité 4, en commençant par les meilleures réponses de A aux choix de B. Si B investit, la meilleure réponse de A est d’investir également, de sorte qu’un point va dans la cellule en haut à gauche. Si B n’investit pas, A choisit alors de ne pas investir non plus. Nous plaçons un point dans la cellule en bas à droite. Remarquez que A n’a pas de stratégie dominante. Analysons maintenant les meilleures réponses de B. Si A investit, la meilleure réponse de B est d’investir, et si A n’investit pas, B choisit de ne pas investir non plus. Les cercles représentant les meilleures réponses de B coïncident avec les points : B n’a pas de stratégie dominante non plus. Les équilibres de Nash sont identifiés là où les points et les cercles coïncident. L’équilibre de Nash (coin inférieur droit) dans lequel les deux entreprises ont une faible utilisation de leurs capacités de production, embauchent peu et investissent peu n’est pas Pareto-efficace, car une autre situation est possible où les deux entreprises réaliseraient des profits plus importants, si elles décidaient toutes les deux d’investir. Cette situation est comparable à celle vue dans l’Unité 4, où l’on pouvait indifféremment rouler sur la voie de droite ou de gauche. Elle est également comparable à l’interaction décrite par la Figure 4.15 sur la spécialisation entre plusieurs types de cultures ou sur le changement climatique à l’échelle mondiale illustré par la Figure 4.17b. Tous ces exemples sont des jeux de coordination.
Le terme est particulièrement approprié ici, car pour passer du cercle vicieux au cercle vertueux, les entreprises doivent se coordonner d’une certaine manière (les deux choisissent d’investir) ou devenir optimistes quant aux actions de l’autre. Ce type d’optimisme est souvent appelé confiance des entreprises ; il tient un rôle majeur dans les fluctuations de l’économie agrégée. Dans certaines circonstances, comme nous le verrons dans l’unité suivante, les politiques publiques peuvent permettre à l’économie d’atteindre un résultat efficace au sens de Pareto, alors que la situation initiale ne l’était pas. On peut généraliser l’argument sur le rôle joué par la coordination en matière d’investissement en disant que les dépenses d’investissement des entreprises répondent positivement à la croissance de la demande dans l’économie. Lorsqu’une augmentation des dépenses globales visant à acheter la production domestique de biens et de services (c’est-à-dire, C + I + G + X – M) se produit, cela contribue à coordonner les anticipations des entreprises quant à leurs besoins futurs en capacités de production, et stimule les dépenses d’investissement. La Figure 13.18 illustre la relation entre la croissance de la demande agrégée (hors investissement), la confiance des entreprises et l’investissement dans la zone euro. L’indicateur de confiance des entreprises suit de près la demande agrégée (hors investissement) et l’investissement. Plein écran Figure 13.18 Investissement et confiance des entreprises de la zone euro (1996–2012). On s’attendrait logiquement à ce que les données de la comptabilité nationale confirment que les dépenses de consommation sont plus lisses que le PIB et les dépenses d’investissement plus volatiles que le PIB, à l’échelle de l’économie dans son ensemble. Sans surprise, les Figures 13.19a et 13.19b montrent que l’investissement est bien plus volatile que la consommation dans deux pays riches (le Royaume-Uni et les États-Unis) et deux pays à revenu intermédiaire (le Mexique et l’Afrique du Sud). Les pics et les creux de la série rouge pour l’investissement sont en effet plus importants que ceux de la série verte pour la consommation. En regardant de plus près les graphiques pour les pays riches, nous voyons également, comme attendu, que la consommation y est moins volatile que le PIB. Les pics et les creux de la série pour le PIB sont plus importants que ceux de la série pour la consommation. Ce constat est moins net pour les pays à revenu intermédiaire, peut-être parce que les ménages y subissent davantage des contraintes de crédit et peuvent donc moins emprunter pour lisser leur consommation. Plein écran Figure 13.19a Taux de croissance de la consommation, de l’investissement et du PIB au Royaume-Uni et aux États-Unis, en pourcentage par année (1956–2012). Federal Reserve Bank of St. Louis. 2015. FRED. Plein écran Figure 13.19b Taux de croissance de la consommation, de l’investissement et du PIB au Mexique et en Afrique du Sud (1961–2012). Dans quelle mesure les dépenses publiques sont-elles volatiles ? Contrairement à l’investissement, les dépenses publiques (notées G en comptabilité nationale) ne réagissent pas à l’innovation, ni ne fluctuent en fonction de la confiance des entreprises. Nous pourrions prédire que ces dépenses sont moins volatiles que l’investissement. Quid des exportations nettes ? La demande pour les exportations fluctuera avec le cycle économique d’autres pays, et sera d’autant plus affectée par les booms et les récessions des pays qui sont d’importants marchés d’exportations. Approfondissez l’analyse de la volatilité des dépenses publiques et des exportations nettes en consultant FRED.
Question 13.8 Choisissez la ou les bonnes réponsesSoit une économie locale comprenant seulement deux entreprises, A et B. Actuellement, les deux entreprises ont une faible utilisation de leurs capacités productives. Le tableau suivant montre les profits (ou s’ils sont négatifs, les pertes) lorsque les entreprises investissent ou n’investissent pas : Plein écran À l’aide de ces informations, laquelle des affirmations suivantes est correcte ?
Histoire, instabilité et croissanceÉconomie mondiale 13.8 Mesurer l’économie : l’inflationLes Figures 13.20a et 13.20b reprennent les graphiques de la Figure 13.3 qui illustraient le taux de croissance du PIB et le taux de chômage au Royaume-Uni de 1875 à 2014. inflationUne hausse du niveau général des prix dans l’économie. Mesurée habituellement sur un an. Voir également : déflation, désinflation.déflationUne baisse du niveau général des prix. Voir également : inflation.La Figure 13.20c représente l’évolution du taux d’inflation au cours de cette période. L’inflation est une augmentation du niveau général des prix dans l’économie, généralement mesurée sur une année. Dans le cas de l’économie britannique, l’inflation a connu des niveaux très faibles, les prix diminuant même (ce qu’on appelle déflation) durant la plus grande partie de l’entre-deux-guerres avant et après la Grande Dépression, mais a aussi atteint un pic de près de 25 % par an en 1975. Nous avons vu précédemment que les creux des crises économiques étaient associés à des pics du chômage. Nous voyons maintenant que l’inflation a été particulièrement faible dans les années 1930 et remarquablement élevée dans les années 1970. Un pic d’inflation a suivi le premier de deux chocs pétroliers (1973 et 1979) qui furent à l’origine de perturbations majeures de l’économie mondiale. Plein écran Figure 13.20a Croissance du PIB du Royaume-Uni (1875–2014). Plein écran Figure 13.20b Taux de chômage au Royaume-Uni (1875–2014). Plein écran Figure 13.20c Taux d’inflation du Royaume-Uni (1875–2014). La Figure 13.21 illustre les taux d’inflation moyens dans différentes régions du monde ainsi que leurs évolutions dans le temps. Les pics d’inflation tendent à se produire dans les périodes de crise économique, mais la tendance générale mondiale depuis les années 1970 a été celle d’une baisse des taux d’inflation. Le graphique montre également que l’inflation tend à être plus élevée dans les pays pauvres que dans les pays riches. Par exemple, depuis 2000, l’inflation s’établit en moyenne à 6,0 % en Afrique subsaharienne et à 6,6 % en Asie du Sud, contre seulement 2,2 % dans les pays riches de l’OCDE. Plein écran Figure 13.21 Niveaux et volatilité de l’inflation dans les économies à haut et bas revenus. Qu’est-ce que l’inflation ?Prenez l’exemple de votre barre chocolatée préférée. Si son prix passe durant l’année de 0,50 à 0,55 €, comment savoir si c’est un symptôme de l’inflation de l’économie ? Il pourrait simplement s’agir d’un renchérissement de la barre chocolatée par rapport à autre chose, suite au déplacement vers la droite de la courbe de demande ou au déplacement vers le bas de la courbe de l’offre, comme nous l’avons vu à l’Unité 8. Pour savoir ce qu’il s’est passé pour tous les prix de l’économie, prenez un énorme panier de courses et remplissez-le avec tous les biens et services que vous achetez en janvier. Est-ce que le prix de ce même panier géant a augmenté quand vous vérifiez les prix en janvier de l’année suivante ? Et qu’en est-il des paniers d’autres personnes ? Pour répondre à cette question et comprendre comment l’inflation est mesurée, le mieux est d’écouter les experts chargés de la calculer. Au Royaume-Uni, cette mission revient au Bureau national de la statistique (ONS). Jusqu’en 2016, Richard Campbell était le chef de l’équipe chargée de la mesure de l’inflation, et dans ce cadre, il a créé une animation pour expliquer comment cette tâche est réalisée. indice des prix à la consommation (IPC)Une mesure du niveau général des prix payés par les consommateurs pour acquérir des biens et services, incluant les taxes sur la consommation.L’indice des prix à la consommation (IPC) mesure le niveau général des prix payés par les consommateurs pour acquérir des biens et services, taxes à la consommation comprises. On choisit le panier de biens et services pour rendre compte des dépenses d’un ménage ordinaire de l’économie. Ainsi, les évolutions de l’IPC, ou l’inflation de l’IPC ont vocation à refléter les évolutions du « coût de la vie ». L’IPC s’appuie sur ce que les consommateurs achètent effectivement. On y retrouve le prix de la nourriture et des boissons, du logement, de l’habillement, des transports, des loisirs, de l’éducation, des outils de communication, des soins de santé, ainsi que d’autres biens et services. Les biens et services du panier sont pondérés en fonction de la part qu’ils représentent dans les dépenses totales du ménage. En revanche, l’IPC exclut les produits exportés, qui sont consommés par des résidents étrangers, mais inclut les produits importés, qui sont consommés par les ménages de l’économie domestique. On s’appuie généralement sur les fluctuations de l’IPC sur l’année passée pour mesurer l’inflation. déflateur du PIBUne mesure du niveau des prix de la production réalisée sur le territoire national. Il correspond au ratio du PIB nominal (ou en prix courants) sur le PIB réel (ou en prix constants).Le déflateur du PIB est un indice des prix comme l’IPC, mais il rend compte de l’évolution des prix de toute la production de biens et services finaux réalisée sur le territoire national. À la différence d’un panier de biens et de services, le déflateur du PIB suit l’évolution des prix des composantes du PIB, c’est-à-dire, de C + I + G + X – M (le déflateur du PIB inclut les exportations, qui sont produites par l’économie domestique, mais exclut les importations, qui sont produites à l’étranger). Le déflateur du PIB peut également être exprimé comme le ratio entre le PIB nominal (en prix courants) et le PIB réel (en prix constants). On utilise généralement les séries statistiques du déflateur du PIB pour transformer une série de PIB nominal en une série de PIB réel. Comme nous l’avions vu dans la Section 1.2 et la rubrique Einstein de l’Unité 1, les séries statistiques du PIB réel illustrent à quel point la taille d’une économie domestique change au cours du temps, en prenant en compte l’évolution des prix des biens et des services produits dans l’économie domestique.
13.9 ConclusionDans cette unité, nous avons présenté deux outils essentiels pour la compréhension de l’économie : les comptes nationaux utilisés pour mesurer l’activité de l’économie agrégée et un ensemble de modèles permettant d’organiser les données de manière à mettre en évidence les fluctuations économiques. On demande souvent aux économistes de fournir des prévisions sur l’évolution future de l’économie ; pour ce faire, ils utilisent à la fois des données et des modèles. Nous avons aussi appris dans cette unité que les ménages et les entreprises font des prévisions sur leur situation future pour décider de leurs dépenses. Dans les deux unités suivantes, nous nous concentrerons sur les politiques publiques. Nous verrons que pour faire de bonnes prévisions et concevoir de bonnes politiques, le gouvernement et la banque centrale doivent prendre en compte la façon dont les ménages et les entreprises anticipent l’avenir, et ce qui pourrait venir perturber leurs projets.
13.10 Références bibliographiques
Quel est le lien entre croissance économique et chômage ?Le lien entre emploi et croissance économique n'est pas toujours direct, mais il n'est pas brisé pour autant. Les économistes retracent la relation entre emplois et croissance à l'aide de la loi d'Okun, selon laquelle une hausse de la croissance fait reculer le chômage.
Qu'estLes grands agrégats économiques associés au PIB sont le revenu national brut (RNB), la capacité ou le besoin de financement de la Nation, les grandes composantes de l'équilibre entre les éléments de l'offre (PIB, importations) et de la demande (consommation, investissement, exportations), la ventilation des facteurs de ...
Quel est le lien entre le PIB et la croissance économique ?Le produit intérieur brut d'un pays est égal à la somme des valeurs ajoutées des producteurs résidant sur son territoire. Le PIB, c'est la richesse créée par les activités de production. La croissance est l'évolution du produit intérieur brut (PIB) sans tenir compte de la variation des prix.
Qu'estLa croissance et le chômage sont donc négativement reliés. Une hausse permanente de la croissance de la productivité du travail permet aux entreprises d'augmenter les salaires à un rythme plus élevé, ce qui accroît la satisfaction des salariés et diminue de manière permanente le taux de chômage d'équilibre.
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