Tout près du Cap Gris Nez, quand j'ai fini d'pécher,
Once s'retrouve chez Lèonce, on est onsse
On mesure les poissons en vidant des canons
Et on passe vite le cap, car ça tape.
Bientôt plus d'Cap Gris Nez encore moins d'Cap Blanc Nez,
Ce qu'on voit c'est nos nez tout rouge et
Quand les verres que je lève otent le sel sur mes lèvres,
Moi, je pense à Marie qui est partie.
Quand la mer monte, j'ai honte, j'ai honte
Quand elle descend, je l'attends,
A marée
basse, elle est partie hélas,
A marée haute, avec un autre.
Lors Le nez dégrisé, je quitte l'estaminet,
Et je regarde en rêvant, le ridens,
L'autre côté de la mer, les collines d'Angleterre.
Mon Dieu qu'l'monde par ici est tout p'tit.
Et à gorge déployée sur le flot déchainé,
Je l'appelle à grands cris: "Viens Marie".
P't'ê' qu'à la molliment, pour pêcher c'est le bon temps,
Mon filet m'la rendra dans mes bras.
Quand la mer monte, j'ai honte, j'ai honte
Quand
elle descend, je l'attends,
A marée basse, elle est partie hélas,
A marée haute, avec un autre.
Tout près du cap Gris-Nez {Refrain:} Lors le nez dégrisé {au Refrain}
Quand j'ai fini d'pêcher
On s' retrouv' chez Léonce
On est onze
On mesure les poissons
En vidant des canons
Et on pass' vit' le cap
Car ça tape
Bientôt plus d' Cap Gris-Nez
Encor' moins d' cap Blanc-Nez
Ceux qu'on voit c'est nos nez
Tout roug's et
Quand les verr's que je lèv'
Ot'nt le sel sur mes lèvres
Moi je pens' à Marie
Qui est partie.
Quand la mer monte
J'ai honte,
j'ai honte
Quand ell' descend
Je l'attends
A marée basse
Elle est partie hélas
A marée haute
Avec un autre.
Je quitt' l'estaminet
Et j' regard' en rêvant
Le rident
D' l'autr' côté de la mer
Les collin's d'Angleterr'
Montr'nt que l' mond' par ici
Est tout petit
Et à gorg' déployée
Sur le flot déchaîné
Je l'appell' à grands cris
R'viens Marie
P't' êtr' qu'à la molliment
Pour pêcher qu' c'est l' bon temps
Mon
filet m'la rendra
Dans mes bras.
QUAND LA MER MONTE
Paroles et musique: Jean-Claude Darnal, 1968
Tout près du cap Gris-Nez
Quand j'ai fini de pêcher
On se retrouve chez Léonce
On est onze
On mesure les poissons
En vidant des canons
Et on passe vite le cap
Car ça tape
Bientôt plus de cap Gris-Nez
Encore moins de cap Blanc-Nez
Ceux qu'on voit c'est nos nez
Tout rouges
et
Quand les verres que je lève
Ôtent le sel sur mes lèvres
Moi je pense à Marie
Qui est partie.
Quand la mer monte
J'ai honte, j'ai honte
Quand elle descend
Je l'attends
A marée basse
Elle est partie hélas
A marée haute
Avec un autre.
Lors le nez dégrisé
Je quitte l'estaminet
Et je regarde en rêvant
Le rident
De l'autre côté de la mer
Les collines d'Angleterre
Montrent que le monde par ici
Est tout petit
Et à gorge déployée
Sur le flot déchaîné
Je l'appelle à grands cris
Reviens Marie
Peut-être qu'à la molliment
Pour pêcher que c'est le bon temps
Mon filet me la rendra
Dans mes bras.
Quand la mer monte
J'ai honte, j'ai honte
Quand elle descend
Je l'attends
A marée basse
Elle est partie hélas
A marée haute
Avec un autre
A marée haute
Avec un autre.
À la page des textes
La chanson a toujours été à l’honneur des Mémoires de la Mer : invitée d’honneur de nos soirées de remise des prix depuis 15 ans et, un temps, au coeur même de nos prix.
Nous inaugurons aujourd’hui avec Michel Verschaeve une nouvelle rubrique : la chronique d’une chanson. Et quelle chanson ! Quand la mer monte » une chanson de Raoul de Godewarsvelde et de Jean-Claude Darnal, interprétée dans la vidéo jointe par Jean-Claude Darnal lui-même.
Une chanson qui est aussi le thème musical du film du même nom de Yolande Moreau et Gilles Porte. Qui mieux que Michel pouvait évoquer l’imaginaire de cette chanson. Un imaginaire qui est aussi le sien, celui de Dunkerque et de la côte flamande, lui qui est né à Malo les Bains au milieu des années 50, a fait ses études musicales à l’harmonie municipale à la trompette (concert kiosque à musique, Sainte-Cécile, bal de Carnaval, lancements de bateaux :tanker, méthanier …), formé à 14 ans l’orchestre des « Petits Minets » (trompette, chant et guitare) et animé bals, banquets et mariages dans toute la région… Avant de « monter » à Paris pour y faire carrière et quelle carrière : premier prix de chant et d’art lyrique au Conservatoire National de Pais, interprète d’opéras et de comédies musicales, metteur en scène de pièces de théâtre et d’opéras….
La Voix de la Mer
Raoul de Godewarsvelde fut et reste indiscutablement une figure emblématique de
l’esprit festif
des gens des Hauts-de-France.
Sa voix unique, rocailleuse et profonde, touche le cœur et l’âme sans détour (il faudra
attendre Garou pour retrouver avec talent ce type de voix).
Avec sa casquette de vieux loup de mer, il a beaucoup chanté l’infini et lorsque paraît
en 1968 Quand la mer monte une brèche est très sérieusement ouverte dans le hit-
parade où règnent les succès planétaires des Beatles, Moody blues, Dutronc, Bee Gees, etc.
C’est une sortie au large
avec son ami Jean-Claude Darnal qui décida de la création de
cette mythique chanson avec le refrain célèbre :
Quand la mer monte
j’ai honte, j’ai honte
Quand ell’descend
Je l’attends
A marée basse
Elle est partie hélas
A marée haute
Avec un autre.
Son rapport avec la mer et le monde des pêcheurs est évident, il est viscéral car il
représente la culture du bistrot. Ce lieu de convivialité, le rendez-vous des pêcheurs, là où le vrai
chanteur populaire puise son inspiration, là où l’on refait la mer !
Cap Gris-Nez (où il habitait), Cap Blanc-Nez, poissons, sel, marée, rident (argot marin), flot, filet… nourrissent avec embrun ce texte qui dans les couplets est pratiquement déclamé plutôt que chanté, renforçant ainsi l’aspect diseur de l’interprète qui cherche à mettre avec force le mot en valeur, faisant ainsi surfer le texte sur la vague de l’émotion.
Michel Verschaeve